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Stabulations grand format « Des ventilateurs pour assainir l’aire paillée en hiver »

Ambiance. Outil de lutte contre le stress thermique, la ventilation dynamique est aussi une voie pour assainir l’aire paillée et ainsi sécuriser la qualité sanitaire du lait dans une stabulation de grande largeur, en phase hivernale.

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Lorsqu’il s’installe sur la ferme familiale en 2014, Benoît Delahaye bénéficie d’une rallonge de 140 000 litres qui portent le quota à 651 800 litres de lait produits en système AOP camembert. Sept ans plus tard, il est rejoint par son frère Clément qui bénéficie à son tour de 100 000 litres de volumes supplémentaires. Dans une stabulation initialement surdimensionnée, l’augmentation progressive de la taille du troupeau par croissance interne va générer d’importants problèmes de mammites. Le schéma infectieux auquel sont alors confrontés les éleveurs est principalement lié à des germes d’environnement (Streptocoque uberis et coliformes). Cela va naturellement orienter les investigations vers des manquements aux bonnes conditions d’ambiance, dans un bâtiment de grande largeur (30 mètres), avec une aire paillée où la surface de couchage est limitée à 6 m²/vache. « L’apparition de formes résistantes aux antibiotiques nous mettait dans une situation d’impasse thérapeutique, face à des germes d’environnement qui peuvent s’enkyster dans la mamelle », explique Benoît. Pour rester dans les clous de la collecte AOP, les éleveurs vont solliciter un diagnostic de la stabulation avec Elvup, avant de lancer les travaux nécessaires d’extension de la stabulation.

De la condensation due à un renouvellement de l’air insuffisant

Car, en l’état, la structure de la stabulation offre une surface de couchage proche de la limite inférieure des recommandations couramment établies, c’est-à-dire de 6 à 8 mètres carrés par vache. « Une surface inférieure à 7 m² présente un risque pour la propreté des animaux, rappelle François Normand, le conseiller bâtiment de l’organisme de conseil. À l’inverse, au-dessus de 8 m², le défaut de piétinement est favorable à la circulation d’air dans la litière et donc au développement des pathogènes par échauffement. L’excès de paillage (>1 kg/m²) est aussi un facteur d’échauffement de la litière. »

Ici, la stabulation est bâtie à flanc de colline, le long-pan perpendiculaire au vent dominant d’hiver (sud-ouest). Elle est alors fermée par un bardage bois sur ses deux pans, avec un couloir d’alimentation central séparant, d’un côté, l’aire paillée des laitières et, de l’autre, celle des génisses.

Un préalable : renforcer la ventilation naturelle

Lors de l’audit, le conseiller identifie avec les éleveurs des signes manifestes d’un défaut de ventilation : le test du fumigène montre que l’air stagne côté génisses ; au niveau du couloir d’alimentation, les éleveurs soulignent la présence de condensation au sol qui reste humide en hiver, mais aussi des traces noires sous le toit, et même des tôles métalliques en pignon grignotées par la rouille à leur base. « Une vache en production transpire 15 à 20 litres/jour, en plus de l’humidité des urines et des fèces, rappelle le conseiller. Si cette humidité n’est pas évacuée, elle retombe sur l’aire de couchage. C’est un facteur de risque sanitaire. En hiver, c’est comme s’il tombait 2 mm d’eau par jour sous le bâtiment. Pendant cette saison, une ventilation efficace doit permettre de renouveler le volume d’air de l’étable pas moins de trente fois par heure. »

Face à cette situation, l’extension de la stabulation par quatre travées supplémentaires (28 mètres), achevée en septembre 2018, offre désormais aux 95 vaches traites en moyenne une surface de couchage de 7,7 m²/vache (64 m de long x 11,5 m de large) + 2,5 m² d’aire d’exercice bétonnée (64 m x 3,5 m). Parallèlement, sur les recommandations du conseiller, les éleveurs vont d’abord renforcer la ventilation naturelle : avec des tôles en écailles en toiture et surtout avec l’ouverture de tout le long-pan opposé au vent dominant d’hiver, où est installé un rideau mobile. À noter également le remplacement des tôles métalliques pleines en pignon par une alternance de bardage bois et de tôles translucides.

En complément, cinq ventilateurs verticaux sont installés au centre du bâtiment, à cheval entre l’aire d’exercice et l’aire paillée. Leur rôle : créer un flux d’air horizontal  sans courant d’air  afin d’évacuer plus efficacement l’humidité en pignon, dans une structure trop large pour être balayée de part en part par « l’effet vent ». En hiver, les ventilateurs tournent 24 h/24. Une station météo équipée d’une sonde de température permet d’automatiser leur vitesse et le relevage du rideau. « En hiver, une sonde hygrométrique serait mieux adaptée, souligne Benoît. De façon empirique, les ventilateurs tournent entre 20 et 40 % de leur capacité pour créer un flux d’air sans courant d’air. » Coût total de l’opération : 9 000 € pour les ventilateurs + 20 000 € pour le filet mobile avec station météo et 2 400 € pour les tôles en écailles. Résultat : une baisse notable du nombre des mammites, garante d’un retour sur investissement dans le cadre d’une collecte AOP au lait cru avec des exigences sanitaires renforcées.

Jérôme Pezon

© j.pezon - Rideau automatique. Sur 72 mètres de long, c’est l’investissement le plus important : 20 000 €. Le bâtiment se trouvant à flanc de colline, le long-pan opposé, exposé au vent dominant, reste fermé par le bardage bois ajouré. j.pezon

© j.pezon - Ventilateurs. Ils sont alignés tous les 12 mètres au milieu de la stabulation, perpendiculaires au vent dominant d’hiver qui balaye latéralement le bâtiment. En hiver, ils tournent 24 h/24 entre 20 et 30 % de leur capacité pour créer un flux d’air qui évacue l’humidité vers le pignon. j.pezon

© j.pezon - Plaque en écailles. Sur toute la longueur du bâtiment, en toiture, les plaques Fait’Air (de la société Orela) facilitent l’évacuation des masses d’air stagnantes.j.pezon

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